Matoupris : Las Vegas 21

Depuis sa création, il y a quelques centaines d’années, le blackjack est devenu l’un jeux de cartes les plus populaires au monde. Dans la plupart des jeux de casino, la stratégie du joueur, aussi élaborée soit-elle, n’a pas d’impact sur le résultat d’une partie. Au blackjack en revanche, il est possible de réduire considérablement l’avantage que le casino a sur le joueur en suivant une stratégie reposant sur les mathématiques.

Vous connaissez certainement le principe du tableau au blackjack. En choisissant de tirer, s’arrêter, doubler ou séparer ses cartes selon les directives exactes du tableau, le retour théorique au joueur, autrement appelé RTP, grimpe alors à plus de 99 %. Cela signifie qu’en se cantonnant au tableau et sur le très long terme, un joueur de blackjack n’est pas censé perdre plus d’1 % de son capital misé.

C’est pour cette raison que de jeunes étudiants de grandes universités ont décidé de pousser la stratégie plus loin afin de battre le casino. En effet, le blackjack est, en théorie, le seul jeu de casino où il est possible de gagner sur le long terme.

De 1979 au début des années 2000, des mathématiciens ainsi que de brillants étudiants d’universités prestigieuses se sont associés pour mettre en place leur stratégie face aux casinos de Las Vegas et du monde entier afin d’atteindre des RTP allant de 102 à 104 % !

La mascotte de Lucky7Bonus, Matoupris, vous raconte aujourd’hui la véritable histoire de la fameuse MIT Blackjack Team. Comment ont-ils fait pour gagner face aux casinos ? Le best-seller Bringing Down The House et le fameux film Las Vegas 21 racontent-ils la vérité ? Est-il toujours possible de compter les cartes pour gagner au blackjack ? Matoupris répond à toutes ces questions dans cet article !

Compter les cartes au blackjack, késaco ?

En 1962, le probabiliste américain Edward O. Thorp propose la première méthode de comptage de cartes pour le blackjack dans son livre Beat the Dealer. Il s’agit du premier ouvrage à prouver mathématiquement qu’il est possible d’être gagnant au blackjack et cette stratégie, appelée High Low est toujours considérée comme la plus efficace aujourd’hui.

Alors qu’il enseignait les mathématiques, Thorp se rendait à Las Vegas pour mettre à l’épreuve sa stratégie face à des casinos qui n’avaient pas, à l’époque, les moyens de se défendre. Thorp est aussi considéré comme l’un des premiers inventeurs de l’ordinateur portable. Il utilisera ce dernier pour gagner à la roulette en calculant la cadence de la roue et la vitesse de la bille. Le but étant de miser sur une série de numéros proches sur la roue et augmenter ses chances de gain au long terme.

High Low

Pour ce qui est du blackjack, la stratégie inventée par Thorp est, en réalité, assez simple. Chaque carte possède une valeur, que le joueur doit additionner afin d’obtenir un compte qui donne un indice sur les probabilités des cartes restantes dans le paquet :

• Les cartes 2, 3, 4, 5 et 6 valent +1 ;

• Les cartes 7,8 et 9 valent 0 ;

• les cartes 10, J, Q, K et l’As valent -1.

En comptant toutes les cartes d’un seul paquet, on obtient toujours 0.

Le but est alors de compter chaque carte distribuée pour obtenir une idée du nombre de cartes fortes restantes dans le ou les paquets.

Si un grand nombre de cartes à faible valeur (2 à 6) est distribué, alors le compte sera positif (+9 par exemple), cela signifie qu’il y a statistiquement beaucoup plus de chances d’obtenir des cartes à forte valeur dans le reste du paquet. Cette position augmente les chances de gains du joueur grâce à la possibilité de doubler, au fait que le croupier puisse dépasser 21 plus facilement et surtout au fait qu'obtenir un blackjack paye plus qu’une seule mise.

La stratégie revient alors à miser le minimum possible tout en comptant les cartes et lorsque le compte des cartes restantes est élevé, miser beaucoup plus pour obtenir des gains pendant cette période statistiquement avantageuse.

Cette stratégie est légale et les casinos ont plusieurs méthodes pour la contrer. Utiliser plusieurs paquets et les mélanger plus tôt permet de réduire l’avantage et de compliquer la tache du compteur. Certains casinos n’hésitent pas à changer les règles de base en payant moins les blackjacks par exemple ou tirant un soft 17, mais ce fonctionnement pénalise aussi les joueurs qui ne comptent pas les cartes.

La création de l’équipe de blackjack du MIT

En 1979, six étudiants du Massachussets Institute of Technology, une université scientifique extrêmement réputée, apprennent à compter les cartes et se rendent à Atlantic City lors du Spring Break pour gagner un petit jackpot aux casinos. Alors que le groupe se sépare après l’obtention de leurs diplômes, 2 joueurs, J.P Massar et Jonathan décident de donner un cours de blackjack aux autres étudiants du MIT intéressés.

Ce cours intéressera Dave, un joueur de blackjack professionnel qui propose à J.P Massar de recréer une équipe pour se rendre à Atlantic City.

Dans le même temps, un certain Bill Kaplan, diplômé d’Harvard venait de parcourir chaque casino du Nevada avec son équipe de blackjack. Ses joueurs étant reconnus dans tous les casinos, leur accès aux tables de blackjack était compromis et ils devaient se rendre dans le reste du monde pour continuer de jouer en abandonnant leur leader.

Massar rencontre Kaplan et lui propose d’observer son équipe jouer pendant un weekend. Le plus expérimenté en conclut que Massar et ses coéquipiers utilisent des méthodes bien trop compliquées afin d’atteindre un RTP de 104 % et finissent par commettre des erreurs diminuant leur rentabilité.

La professionnalisation de l’équipe de blackjack

Bill Kaplan est intéressé et souhaite alors diriger à nouveau une équipe. Il propose alors ses services, mais souhaite mettre en place un fonctionnement bien plus professionnel avec un recrutement poussé, une mise à l’épreuve des nouveaux joueurs, une formation et une tenue des comptes et des jeux précise.

Le 1er aout 1980, la première véritable MIT Blackjack Team est lancée avec un capital de départ de 89 000 $ venant d’investisseurs extérieurs et des joueurs eux-mêmes. 10 joueurs se rendent dans les casinos alentours pour doubler l’investissement initial en moins de 3 mois.

Leur fonctionnement est alors bien plus précis :

• Des compteurs sont placés sur différentes tables de blackjack et jouent toujours la mise minimale tout en comptant les cartes ;

• Un contrôleur vérifie que le compteur ne se trompe pas et fait un signe discret pour annoncer quand la table est chaude (le compte est élevé) au gros joueur ;

• Le gros joueur se rend alors sur la table annoncée pour jouer de bien plus grosses mises afin de gagner.

L’évolution de l’équipe de blackjack

Dans les années 1980, plus de 70 personnes ont travaillé en tant que joueurs, compteurs ou contrôleurs au sein de l’équipe de blackjack du MIT qui a accumulé plusieurs centaines de milliers de dollars avec des plus-values atteignant parfois 300 % par an pour les investisseurs extérieurs.

En quelques années, le visage de Bill Kaplan était connu de tous les casinos et il lui était impossible de pénétrer dans l’un deux sans que l’équipe de sécurité ne le suive à la recherche des joueurs sous sa tutelle. Kaplan gérait alors l’équipe de l’extérieur encore quelques mois avant de se retirer pour se concentrer sur son entreprise d’immobilier.

En 1992, Kaplan, J.P Massar et John Chang, l’une des premières recrues, décident de fonder Strategic Investments LP afin de recruter de nouveau joueurs et monter une bankroll de façon bien plus professionnelle et officielle pour s’attaquer au tout nouveau Foxwoods Casino.

En moins de deux ans, l’équipe emploie plus de 80 joueurs permettant d’avoir toujours près d’une trentaine de joueurs en simultanée dans des casinos aux quatre coins du monde. Lorsqu’un joueur était découvert par un trop grand nombre de casinos, il était remplacé par un élève du MIT ou d’une autre université qui sera formé et déployé en quelques semaines.

Rapidement, une équipe d’investigations employée par plusieurs casinos découvre le lien entre les joueurs et fait le rapprochement entre leur lieu de résidence et les différentes universités en relation. Le recrutement de joueurs depuis le MIT ou Harvard devenait compliqué et Strategic Investments du se dissoudre le 31 décembre 1993.

La fin de la MIT Blackjack Team

Après la dissolution de Strategic Investments, 2 équipes se créent pour continuer dans leur domaine de prédilection : les Amphibians et les Reptiles. Ils allaient connaitre un incroyable succès à nouveau, avec des bankrolls de plusieurs millions de dollars et des équipes de plusieurs dizaines de joueurs.

Malgré des structures légales très sophistiquées et un fonctionnement perfectionné, le règne de la MIT Blackjack Team prit fin au début de l’année 2000. Après plus de 15 ans passés à terrifier les casinos du monde entier, les derniers joueurs professionnels retiraient leurs bénéfices pour commencer leurs nouvelles vies.

Est-il toujours possible de compter les cartes au blackjack ?

Près de 60 ans après la découverte du probabiliste Thorp, est-il toujours possible de mettre en place une technique gagnante au blackjack ? En théorie : oui. Mais cela est bien plus compliqué en pratique.

Aujourd’hui, les casinos ont changé leur mode de fonctionnement et n’hésitent pas à utiliser un mélangeur automatique par exemple. Les cartes sont alors constamment mélangées et compter les cartes sorties devient complètement inutile. Dans le cas où le casino utilise toujours un mélange manuel, il n’est pas rare de voir non pas 1, mais 4, 6 ou même 8 paquets différents mélangés ensemble. Ce qui réduit fortement l’impact que votre compte aura. On parle alors de Compte en cours et de Compte réel. Un compte +6 sur un seul paquet ne vaut pas autant qu’un compte +6 sur 6 paquets.

Compte réel = Compte en cours / nombre de paquets.

Cela ne veut pas dire que vous n’aurez pas un avantage sur le casino, mais celui-ci sera bien moindre et gagner de véritables profits nécessitera alors de passer un temps énorme sur les tables de blackjack. Vous pouvez jouer avec un RTP de 101 % et tout de même être perdant durant vos 500 premières heures.

Finalement, sans utiliser d’équipe en qui vous avez assez confiance pour partager d’énormes sommes d’argent, devenir un joueur de blackjack professionnel requiert bien plus de temps que la plupart des emplois lambdas.

Las Vegas 21 un film proche de la réalité

Bien que le film Las Vegas 21 soit inspiré de la véritable histoire de la MIT Blackjack Team, Hollywood nécessite de romantiser les faits. Voici quelques anecdotes que vous ne trouverez pas dans le film.

Les liasses d’argent cachées

John Chang ne cachait pas ses gains dans le plafond de sa chambre universitaire comme Campbell dans le film, il est vrai que les joueurs cachaient des jetons et des billets dans des endroits divers et variés. Alors que Chang allait déménager, sa femme venait l’aider à vider son appartement. C’est alors que le couple mettait la main sur plusieurs cachettes oubliées par le joueur. Finalement, ce sont plus de 165 000 $ qui seront retrouvés lors de ce déménagement.

Le plus gros gain de la MIT Blackjack Team

D’après Mike Aponte, l’un des joueurs du MIT et fondateurs des Reptiles, le record de l’équipe est établi à 500 000 $. Ces gains ont été obtenus lors du weekend du Superbowl en 1995. “Mon record de gains personnel en un seul voyage est d’environ 200 000 $” se souvient Mike Aponte.

La chance ne vous sourit pas toujours

Évidemment, le film Las Vegas 21 n'affiche presque que des weekends de gains et de réussite, mais il arrivait que l’équipe revienne d’un voyage en pertes même en ayant parfaitement bien joué. D’après Mike Aponte : “La plus grosse perte que l’équipe ait subi en un seul voyage s’élève à environ 130 000 $ et je pense avoir perdu près de 60 000 $ lors de mon pire weekend.”

Le caméo de Jeff Ma dans Las Vegas 21

Jeff Ma, l’étudiant du MIT qui a servi de base pour le personnage de Ben Campbell, fait une apparition dans le film Las Vegas 21 en tant que croupier nommé Jeffrey. Le personnage de Ben Campbell fait d'ailleurs signe au croupier Jeffrey en l’appelant “mon frère d’une autre mère !”

John Chang en robe

John Chang, ayant inspiré en partie le personnage du professeur et leader Micky Rosa, n’était en réalité pas un professeur, mais bien un diplômé du MIT. Comme dans Las Vegas 21, Chang s’est parfois déguisé pour pénétrer l’enceinte de certains casinos. Pour ce faire, il se faisait passer pour une femme en portant une perruque et une longue robe. Il s’est rapidement rendu compte que la taille de ses mains allait détruire sa couverture à la table de blackjack avant que l’équipe de sécurité “n’éclate de rire et m’accompagne vers la sortie” explique Chang.